La VĂ©nus des mers chaudes (John Sturges, 1955) đ«đ·

Ceci nâest pas une publicitĂ© pour maillot de bain une piĂšce, mais bel et bien une affiche du film Underwater ! de John Sturges glorifiant la voluptueuse actrice Jane Russell dans ces plus beaux atours. En 1955, le bikini (du nom de lâatoll du Pacifique) nâavait pas encore envahi les plages. Depuis quâune loi amĂ©ricaine (le Hays code) avait interdit de montrer des nombrils Ă lâĂ©cran, peu dâactrices hormis Rita Hayworth ou Ava Gardner, osaient sâexhiber dans cette tenue minimaliste.
Le bas de lâaffiche annonce les rĂ©jouissances : une Jane Russell inĂ©dite, « telle quâon ne lâa jamais vue auparavant ». On connaissait dĂ©jĂ la sulfureuse hĂ©roĂŻne du Banni dâHoward Hughes (Ă©galement producteur de Underwater !), la brune du cĂ©lĂšbre Les Hommes prĂ©fĂšrent les blondes oĂč elle jouait lâacolyte de Marylin Monroe, la chanteuse de cabaret de Macao de Sternberg. On la retrouve ici en VĂ©nus des mers chaudes â traduction française de Underwater ! dont le point dâexclamation en dit long sur ses mensurations avantageuses⊠En faisant lâacquisition de cette affiche, vous en aurez donc pour votre argent en matiĂšre de sensualitĂ© hyperbolique !
Mais celle-ci ne se borne pas seulement au portrait flatteur dâune actrice. Le dĂ©cor sous-marin nous aspire dans les aventures de plongeurs intrĂ©pides, prĂȘts Ă en dĂ©coudre avec certains prĂ©dateurs peu avenants, comme ce puissant requin auquel semble avoir Ă©chappĂ© notre innocente hĂ©roĂŻne. Aucun masque ni tuba ne vient dĂ©figurer son visage dâange aurĂ©olĂ© de petites bulles dâeffroi. Elle reste belle en toute circonstance.
Dans le film, elle incarne Theresa, fraĂźchement mariĂ©e Ă Johnny (jouĂ© par Richard Egan). Ils ne roulent pas sur lâor et cherchent justement Ă en trouver quelque part au large de Cuba, oĂč reposerait une Ă©pave de galion abritant un butin. Ils sâembarquent alors dans une vĂ©ritable chasse au trĂ©sor sous-marine, accompagnĂ©s dâun ami (le latin-lover Gilbert Roland, fils et petit-fils de matadors espagnolsâŠqui avait peur de lâeau !), dâun prĂȘtre archĂ©ologue Ă la recherche dâune Madone et de Gloria (Lorie Nelson qui aurait dĂ» incarner le rĂŽle de Theresa) qui leur loue un bateau. Parmi les dangers, de faux chasseurs de requins qui sâavĂšrent ĂȘtre de vĂ©ritables escrocs, une Ă©pave menaçant de se dĂ©crocher dâune falaise, emprisonnant enfin Theresa cernĂ©e par des requins⊠Je ne vous dĂ©voilerai pas la fin !
Un scĂ©nario un peu mince, digne selon plusieurs critiques dâun « film de sĂ©rie B sauvĂ© par des acteurs de catĂ©gorie A ». Un film qui pourtant se targue dâavoir coĂ»tĂ© « 3 000 000 de dollars » avec un tournage de pas moins de trois ans! Beaucoup de temps et dâargent perdus il est vrai, Ă cause du mauvais temps sĂ©vissant Ă HawaĂŻ oĂč il avait Ă©tĂ© tournĂ©. Quarante tonnes de dĂ©cor dĂ©truits avaient dĂ» ĂȘtre reconstruits en sus dâun aquarium investi pour certaines scĂšnes. En matiĂšre de records, il aura fallu attendre le film Abyss de Jim Cameron pour battre celui des 100 minutes tournĂ©es sous lâeau. On comprend alors mieux le sens du titre exclamatif Underwater !
La premiĂšre de celui-ci nâen mĂ©rite pas moins de sâexclamer. Le film a Ă©tĂ© projetĂ© sous lâeau, dans une salle de cinĂ©ma entiĂšrement submergĂ©e. Les invitĂ©s ont pu visionner le film en tenue de plongĂ©e, plus ou moins sexy⊠Parmi eux, la jeune Jayne Mansfield en a profitĂ© pour faire sa promotion en perdant malencontreusement (ou heureusement) le haut de son maillot, ce qui lui a valu, Ă peine sortie de lâeau, de dĂ©crocher un contrat avec les FrĂšres Warner.Â
Quant Ă moi, loin de mâesclaffer devant tous ces remous mĂ©diatiques, jâai Ă©prouvĂ© un rĂ©el plaisir esthĂ©tique pour ces magnifiques images sous-marines se mariant parfaitement au bronzage et la beautĂ© sculpturale dâun Richard Egan, non moins fascinantâŠ
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