Le Monde du Silence (Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle, 1956) đŸ‡«đŸ‡·

The Silent World | www.vintoz.com

July 15, 2021

Qui n’a jamais rĂȘvĂ© d’évoluer librement, affranchi des lois de la pesanteur, au milieu de crĂ©atures silencieuses, aussi fascinantes qu’inquiĂ©tantes? 

Rien qu’à regarder l’affiche, je sens dĂ©jĂ  mon pouls ralentir, le corps et l’esprit apaisĂ©s par son bleu outremer qui rĂ©duit Ă  nĂ©ant le bruit et la fureur du monde extĂ©rieur. Dans le silence ouatĂ© des abysses, un plongeur attelĂ© Ă  une camĂ©ra sous-marine ouvre la danse, suivi de son escorte muette d’hommes-grenouilles. Le temps de mettre les palmes (et d’accrocher son affiche!), on a vite fait d’ĂȘtre happĂ© par l’ivresse des profondeurs!)

En 1956, l’intrĂ©pide commandant Cousteau permettait au grand public de dĂ©couvrir, pour la premiĂšre fois, ces profondeurs vertigineuses. Il rĂ©alisait ainsi un des premiers documentaires ocĂ©anographiques qui se vit doublement couronnĂ© d’une Palme d’or (sans mauvais jeu de mot
) et d’un Oscar. 

AccompagnĂ© du jeune rĂ©alisateur Louis Malle (cinĂ©aste de la Nouvelle Vague) et de son Ă©quipe d’hommes-grenouilles – sans oublier la star sous-marine « Jojo le MĂ©rou » !, Cousteau nous livre les secrets de fonds marins alors inaccessibles. A bord de La Calypso, (navire-laboratoire aussi insĂ©parable de son Capitaine que la nymphe Ă©ponyme), il sillonne et sonde toutes les mers –jusqu’à moins 75m, de la MĂ©diterranĂ©e Ă  l’OcĂ©an Indien en passant par le Golfe Persique et la Mer Rouge (assortie Ă  son iconique bonnet!).  

Munis du fameux « dĂ©tendeur » (scaphandre autonome co-inventĂ© par Cousteau), les plongeurs ne sont plus reliĂ©s Ă  la surface et vont titiller librement les poissons. TrĂšs jeune encore, Ă  l’époque oĂč je me gavais de dessins animĂ©s de Disney, j’avais portĂ© un regard amusĂ© sur certaines scĂšnes comme celle de l’affiche oĂč l’on voit un plongeur s’agripper Ă  la carapace d’une tortue. Je comprendrai, bien plus tard, que cette pauvre crĂ©ature Ă©tait en rĂ©alitĂ© Ă  bout de souffle. Ma sensibilitĂ© Ă©cologique sera Ă©galement mis Ă  mal par la cueillette sauvage de corail ou le massacre de requins venus achever un bĂ©bĂ© cachalot accidentellement blessé  TaxĂ© par un critique de documentaire « naĂŻvement dĂ©gueulasse », il est cependant important de resituer le film dans le contexte historique des annĂ©es cinquante, oĂč la nature Ă©tait davantage perçue comme une manne de ressources inĂ©puisables qu’un Ă©cosystĂšme fragile. 

Je me garderai donc de juger, prĂ©fĂ©rant conserver ce regard d’enfant naĂŻvement Ă©merveillĂ©. Du Commandant, ce hĂ©ros malgrĂ© lui, je retiendrai l’image d’un aventurier explorateur qui s’intĂ©ressa, Ă  la fin de sa vie, aux questions Ă©cologiques, convaincu que « la mer, le grand unificateur, est le seul espoir de l’homme ». 

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